Bonjour Abys peux-tu te présenter ?

Bonjour, Abys, je suis originaire de Nancy et je peins depuis une bonne dizaine d’années.

Si tu n’avais pas été artiste, qu’est-ce que tu aurais fait ?

Je ne sais pas, j’aurais sûrement essayé de faire quelque chose dans le domaine animalier, j’imagine. Tout sauf un taff de bureau en tout cas !

Comment as-tu choisi ton nom d’artiste Abys ?

J’en ai eu plusieurs mais c’est celui-là qui est resté.

Paradoxalement le mot Abys a une connotation assez sombre alors que j’essaye d’avoir des peintures les plus colorées et lumineuses possibles… Mais sur différents aspects, c’est un tout et un équilibre qui me correspond plutôt bien, de ma personnalité à ma façon d’aborder la peinture.

Quel a été ton premier contact avec le graffiti et qu’est-ce qui t’a motivé à te lancer dans le graff ?

J’ai commencé au lycée quand j’étais en classe d’Arts Appliqués avec un ami fan de graff, Horus, mon lycée était proche d’un spot donc on a commencé à peindre entre deux cours avec d’autres potes et je n’ai jamais arrêté.

Entre La Smala, Les Flowbros, Le Moulin Crew, etc. Il y avait vraiment un gros niveau à l’époque à Nancy ! J’ai d’ailleurs toujours été étonné que leurs pièces n’aient pas été diffusées à plus grande échelle, c’était au-dessus de ce qu’on voyait dans beaucoup de magazines. Bref les Spots bougeaient toutes les semaines, ça donnait envie de progresser, beaucoup de monde peignait, c’était la bonne époque !

Je ne sais pas si j’aurais eu la même motivation si j’avais découvert le graff aujourd’hui… C’est génial de pouvoir en vivre, jamais je n’aurais imaginé ça quand j’ai commencé, mais en même temps le côté business ça a un peu tué la vibes.

Quel est pour toi le spot idéal pour graffer ?

Les murs vierges en spot abandonné, mais ça se fait rare part chez moi.

Ça fait une éternité que je n’ai pas fait de tracer direct, avec toutes les techniques qui existent aujourd’hui pour poser son esquisse je sens que je régresse… il faut que je m’y remette haha.

Pourquoi as-tu choisi le graffiti comme moyen d’expression ? Quels sont les avantages et les inconvénients de cette technique ?

Honnêtement, j’ai commencé sans être spécialement attiré par ce milieu, quand je faisais mes études en Arts Appliqués ça me permettait surtout d’entretenir ma passion du dessin autrement qu’en cours où ce n’était pas toujours fun, et de décompresser avec les potes.

Au départ, on sortait en soirée faire une croûte par-ci par-là et puis on a découvert différents spots, peint de plus en plus et de plus en plus gros et finalement tu ne t’arrêtes plus. Mais comme je l’ai dit plus haut, c’était au moment où il y avait beaucoup de monde sur Nancy et en voyant le boulot des autres ça m’a énormément motivé !

L’inconvénient principal, c’est la toxicité des aérosols, mais en même temps, c’est un tel kiff… l’outil permet d’envoyer rapidement de sacrés formats et ce sont des sensations que je n’ai trouvées qu’avec le graffiti, l’impact mural, c’est propre à la discipline.

Ce que je trouve cool c’est que ça interpelle, que ça plaise ou non peu importe, ça reste de l’art à portée de tous, pour tous et gratuitement, le concept remet quand même les pendules à l’heure.

Tu es (re)connu pour tes œuvres imposantes et colorées, peux-tu nous en dire plus sur ton processus de création, que choisis-tu en premier le lieu ou l’œuvre ?

Ça dépend, souvent pour les évènements j’ai la photo en amont et je sketch (dessin de base du graffiti, esquisses le plus souvent sur papier) en fonction du mur, de sa localisation, etc. Mais j’aime aussi juste avoir un croquis et trouver le mur sur place quand ce sont des peintures un peu moins organisées.

En revanche faire des gros sketchs me prend beaucoup de temps. Souvent quand j’ai une idée de personnage, de lettrage, de thème, de composition, etc… je crayonne juste très rapidement pour garder une trace que je ressortirai et améliorerai au moment voulut.

J’utilise ensuite des morceaux de sketchs qui trainent à droite à gauche que j’assemble pour créer mes compositions. J’essaye de trouver des liens en termes de couleurs, de thématique, de positionnement, je retravaille, peaufine et complète jusqu’à avoir un résultat qui me convienne.

Comment décrirais-tu ton style ?

Il y a quelque temps, on m’a dit que mon style était « Sucré » j’aime bien l’idée haha !

En vrai je n’ai pas de grand discours à faire sur mes peintures, je pense qu’elles parlent d’elles-mêmes.

Je peins comme on ferait un bouquet de fleurs, j’essaie d’imaginer les compositions les plus vivantes, équilibrées et colorées possibles. J’aime quand la technique a sa place, qu’il y a des détails, des références, de la vie, qu’on puisse imaginer la situation ou inventer une petite histoire.

Après je suis rarement satisfait de ce que je fais et c’est aussi ce qui me fait avancer… Bien sûr, ça me fait toujours plaisir quand j’ai des retours positifs et des compliments sur mes peintures ! Mais mon objectif principal, c’est ce que je peux améliorer pour la prochaine fois.

Tu es membre des collectifs Osmoz-Colors et Nids d’Guêpes Posse, peux-tu nous en dire plus sur ces collectifs ?

Osmoz-Colors c’était un petit projet collectif en duo avec Horus qu’on a monté en 2011 et les quelques années qui ont suivies. On a pris des voies différentes par la suite, mais un jour peut-être qu’on refera des projets ! Mon site internet s’appelle toujours comme ça et j’ai gardé le nom en souvenir.

Nid D’Guêpes c’est un Collectif de potes réunissant plusieurs rappeurs, graffeurs, dj, etc. Avec lequel on a organisé des petits événements pour donner vie à nos quartiers et villes. Sans grandes prétentions, simplement pour le plaisir de partager nos passions avec ceux qui le veulent, j’aime ce côté populaire de notre culture, même s’il a tendance à se perdre un peu parfois.

En tant qu’artiste, quels sont pour toi les avantage et les inconvénients des réseaux sociaux ?

Hoou, ce sont des Longs débats ! Personnellement, je ne vais pas m’en plaindre j’ai la chance d’être un peu suivi et cette visibilité m’a apporté beaucoup ces dernières années ! C’est un super outil surtout quand on ne vient pas de ville qui bougent beaucoup en termes de graff.

Malgré tout ça reste assez arbitraire, et j’ai l’impression que ça en fait psychoter beaucoup, quitte à créer quelques tensions… Pas sûr que les codes du buzz sur les réseaux soient applicables aux milieux artistiques quand on voit ce qui ressort parfois alors qu’il y a des tueurs perdus dans la masse… bref j’essaye de ne pas trop me connecter et de rester concentré sur ma peinture avant tout.

Quels sont tes projets ?

Pas mal d’événements et de Murs prévus jusqu’en automne ! Cet hiver je devrais avoir pas mal de toiles à faire et si la situation sanitaire le permet j’aimerais pouvoir revoyager davantage à l’étranger en 2022 !

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