Bonjour Sohan Street, comment as-tu choisi ton nom d’artiste ?
Bonjour. Je voulais tout simplement, qu’il y ait le mot street dedans pour le clin d’œil. Il ne restait plus qu’à trouver le prénom qui va bien avec et surtout qui n’était pas déjà pris.
Peux-tu nous en dire plus sur ton parcours artistique, comment es-tu devenu street artiste ?
Je suis complètement autodidacte.
Lorsque j’étais jeune, je dessinais beaucoup de BD comiques et j’éditais un fanzine qui s’appelait “Speedy”.
Puis, au début des années 80, lorsque je suis venu travailler à Paris, la gauche arrivait au pouvoir, le monde artistique se libérait. C’était l’effervescence totale. En véritable oiseau de nuit, je côtoyais des artistes de tous les milieux, parfois très connus.
J’ai abordé plusieurs domaines comme le dessin de mode, la BD, des visuels pour t-shirt, des pochettes de vinyles, des logos, un magazine pour le fan club d’un artiste, de la DJ culture… Puis j’ai fait pas mal de retouche photo avec une forte influence Pop Art, mais je gardais tout ça pour moi jusqu’à l’arrivée des réseaux sociaux. En les publiant, les followers se sont vite emballés et ça m’a permis de faire connaître ce que je faisais.
Le street-art est arrivé comme une suite logique lorsque je voyais les murs de Paris se recouvrir de superbes œuvres.
Te souviens-tu de ta première œuvre de street art ?
Je voulais faire du street-art, mais il me fallait trouver un concept.
Je me suis inscrit à une visite guidée de street-art à Montmartre, ce qui m’a incité à regarder le film de Amélie Poulain en rentrant chez moi comme on avait fait une halte à l’épicerie Collignon. J’ai beaucoup aimé revoir tout le concept autours du photomaton du film et je me suis souvenu que j’en avais dans ma boite à photos souvenirs. Après avoir retrouvé ma carte de métro avec une photo en noir et blanc très 80’s, j’ai décidé de la décliner à l’infini avec des filtres à partir de mon smartphone. Ma première œuvre était née. Après, j’ai fait évoluer mon concept.
Quels sont pour toi les avantages et les inconvénients de la technique du collage ?
Techniquement, c’est le plus simple : des prints, de la colle et un pinceau.
Une fois collé, c’est une formidable vitrine, car à la portée de tous.
Il y a aussi les rencontres avec les passants, les fans et les chasseurs de street art ou les collages collectifs.
Les collages sont parfois arrachés par les municipalités ou les riverains, voire taggués mais cela fait partie du jeu.
Une fois collé, le collage appartient à la rue et c’est très bien ainsi. Les collages qui résistent sont parfois encore plus beaux avec la patine de l’usure du temps et de la météo.
Quel est pour toi le spot idéal pour coller tes œuvres ?
Très souvent, ceux sont les quartiers historiques ou abandonnés. Mais aussi des lieux atypiques qui deviennent les spots favoris des artistes. Il y a le côté charme et coloré que rajoutent les œuvres collées. Je ne colle pas dans des lieux où il n’y a rien, c’est inutile de coller pour coller. Il faut un patchwork artistique. Un univers.
Combien de temps en moyenne passes-tu sur une œuvre ? Quel est ton processus de création ?
C’est variable, selon l’inspiration, cela peut être fait en dix minutes… ou bien en plus longtemps.
On a tous des périodes créatives plus riches que d’autres.
Je fais tout en numérique à partir d’une photo que je mixe avec plusieurs applications sur mon smartphone. Je réalise aussi des tableaux avec de la récup, du carton, des bouteilles de coca, des journaux découpés ou de la vaisselle du Mc Do. J’aime beaucoup ce côté Pop Art et récup/street. Actuellement, je travaille sur une collection au sujet de la Junk Food. C’est un bon mix de travailler la matière pour sortir du 100 % digital.
Quelles sont tes sources d’inspiration ?
Tout est source d’inspiration.
Il faut ouvrir les yeux pour se nourrir, sortir la tête du guidon et voir ce qu’il se fait ailleurs, sinon on ne progresse pas. Je vais voir de très nombreuses expos, les galeries, la télé, la presse, les rencontres, la rue. Il faut être curieux, inventif, se lâcher sur ses œuvres. Les collabs sont aussi très enrichissantes, car cela permet de sortir de sa zone de confort et aller parfois loin de nos univers et c’est génial !
Il n’y a aucuns engagement dans mes œuvres, juste la liberté de création.
En tant qu’artiste, quels sont pour toi les avantages et les inconvénients des réseaux sociaux ?
C’est une vitrine incroyable pour le bon côté des choses. Cela m’a permis de rencontrer aussi des personnes formidables et c’est bien de sortir de sa bulle cognitive. Je me suis vraiment fait connaître grâce aux réseaux sociaux. On ne me trouve que sur Instagram et par choix, je n’ai pas de site web.
J’ai fermé mon compte Twitter, car j’ai hélas connu la Tweet’Haine. C’est le côté obscur des réseaux, mais il faut passer à autre chose. L’autre inconvénient, c’est le côté trop addictif .
Tu exposes en France et à l’étranger. Est-ce que c’est toi qui démarches les galeries ou ce sont elles qui te contactent ?
Au début, je contactais des galeries puis avec le temps, j’ai acquis une certaine visibilité et un véritable réseau. Du coup, on me contacte directement le plus souvent.
Est-ce qu’aujourd’hui en France, il est possible de vivre de son art en tant que street artiste ?
C’est compliqué, car on est très nombreux et l’offre est pléthorique. C’est difficile de sortir du lot. Certains artistes très connus en vivent, mais ils ne sont pas nombreux. Je suis artiste professionnel, mais sans pression commerciale.
Quels sont tes projets ?
Il y a deux livres conçus par des chasseurs de street art qui vont sortir avant l’été avec quelques-uns de mes visuels.
Je vais publier en auto-édition le tome deux de mon livre Pop Culture, plutôt au second semestre.
En septembre, je participe au London Internationnal Paste-Up Festival.
J’expose en permanence à L’Atelier du 8, une galerie associative dont je m’occupe avec deux autres artistes.
Des collages sont prévus un peu partout en France ou à l’étranger. J’aimerais beaucoup exposer sur Lyon.
Puis tout ce qui peut arriver par surprise et parfois une rencontre ou une expo en amène une autre !
Où pouvons-nous suivre ton actualité ?
Sur instagram : sohan_street. Et mes nouveautés sont en vente sur YourArt.art
Dernière question, as-tu une série, un film ou un livre à nous conseiller ?
Oui, la série très documentée en six épisodes sur Andy Warhol diffusée sur Netflix.
L’incroyable catalogue de l’expo Basquiat à Paris édité par la Fondation Vuitton.
Les livres de Claude Degoutte notamment la réédition augmentée qui sort fin juin de « Street Art saison 1” Là, je pense qu’on a fait le plein.
Vous pouvez découvrir ou redécouvrir mes autres interviews Street Art ici.
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