Bonjour Julia peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Julia, Forma est mon pseudo, je suis née à Toulouse en 1985, j’ai beaucoup déménagé pendant mon enfance à cause du boulot de ma mère. 

J’ai passé mon adolescence au Pays Basque, à Bayonne et à mes 17 ans je suis revenu à Toulouse pour mes études où je suis resté jusqu’à il y a peu. Il y a quelques mois j’avais besoin de respirer je suis revenu me poser chez ma meilleure amie à Biarritz et j’ai finalement pris la décision d’y rester.

Durant mon enfance, je revenais régulièrement à Toulouse et j’ai grandi en regardant les personnages de Miss Van sur les murs de la ville rose. Je suis une grande fan de Miss Van et de son évolution. 

Le street art est venu à moi d’abord par l’observation, puis par la pratique au fil des rencontres. 

Peux-tu nous en dire plus sur ton parcours artistique ?

Mon père était un artiste farfelu qui m’a baladé dans un milieu underground toute mon enfance. 

J’ai d’abord fait un rejet, car pour moi l’art était associé à la fête, la drogue et les expériences artistiques bizarres. Il m’a fallu des années pour comprendre que l’art était bien plus que ça et que l’on en faisait ce que l’on voulait, qu’on pouvait en vivre. 

Je suis devenu graphiste d’abord et aujourd’hui je vis en faisant des toiles, des collaborations sous formes d’illustrations et des murs pour les particuliers et les institutions. 

Que je me souvienne, j’ai toujours dessiné. Dès mon enfance je me revois reproduire des toiles de Frida Kahlo bien avant l’engouement autour de cette icône. 

Ensuite j’ai rencontré des graffeurs. J’ai donc testé la bombe et ai accroché avec cet outil rapide. Je me suis fait des copines dans le milieu et on a créé un crew de meuf. Ce sont de belles années pour moi, de super souvenirs. 

Aujourd’hui je crée seule, autant dans mon atelier que dans la rue. Ça me manque souvent de ne pas faire des actions avec d’autres personnes, ça m’arrive parfois et ça fait du bien, mais j’aime aussi cette solitude.

Tu utilises principalement la technique du collage, quels sont les avantages et les inconvénients de cette technique ? 

J’aime dessiner des affiches à la main et partir sur mon vélo ou à pied les coller au centre-ville à des endroits où on ne les attend pas. Dans Toulouse, mais aussi pendant mes voyages où j’aime rendre hommage aux cultures et traditions des différents pays que je visite. 

La technique du collage est discrète et rapide, c’est ce qui me plaît. Moins dans la dégradation que les tags à la bombe. J’aime toujours autant les voir et les analyser, mais je respecte trop la beauté de certaines façades et autres bâtiments pour les dégrader. L’affiche se pose aussi vite qu’elle se retire (ce qui est d’ailleurs frustrant parfois quand on voit que n’importe qui peut les décoller le lendemain et partir avec…) 

On remarque que le thème central de tes œuvres, c’est la Femme, pourquoi as-tu choisi de te concentrer sur ce thème en particulier ?

Le thème de la femme, c’est imposé à moi je ne l’ai pas choisi. 

C’est tout un cheminement de création et toujours un retour sur le corps le parcours de la femme. 

Pour le moment, cela changera peut-être avec les années, mais le seul sujet qui m’intéresse vraiment est celui des femmes. Autant dans l’histoire, la religion, la musique et l’art, je suis attiré par leur parcours, leur beauté. Je ressens le besoin de faire passer un message qui montre leur force et leur douceur en même temps. Comme si j’avais une mission dans la vie. 

Ne me prenez pas pour une folle, c’est comme ça ;).

Tu dessines aussi beaucoup de serpents, ont-ils une symbolique particulière ?

Les serpents, c’est un peu la même chose, comment dire… Ils sont là pour symboliser une beauté et une force. Ils font peur à certaines personnes malgré leur beauté et leurs formes qui peuvent servir de représentation. Un côté sacré qui pour moi représente le karma qui est une notion importante dans la vie. 

Les couleurs principalement utilisées dans tes œuvres sont le noir et le blanc ainsi que des couleurs chaudes (jaune, dorée, marron …), est-ce que ces couleurs ont une signification particulière dans tes œuvres ?

Au début de mon processus créatif sur la femme et le sacré je n’utilisais que du noir et blanc en me disant que je n’aimais que ça, que je ne créerai qu’en utilisant ces deux extrêmes.

Le dessin était pur du coup, aucun artifice. Le message était net. 

Je crois aussi avec du recul que je n’étais pas très heureuse, pas très épanouie. 

Et comme tout le monde, j’évolue, je grandis, je m’apaise de mes souffrances d’enfance. Je fais le vrai deuil de mon père et je me permets aujourd’hui de tester la couleur, mais doucement, je prends une gamme simple, une gamme de terre et je me redécouvre. Je redécouvre un plaisir et je donne plus de subtilité à mes toiles. Le message est moins clair, mais plus intense (pour ceux qui le comprennent, ou le ressentent).

Comment décrirais-tu ton style ?

Mon style évolue tous les jours, j’ai vraiment du mal à me poser sur un style et c’est mon défaut, je pense. J’ai du mal moi-même à me suivre parfois. Mais une chose est sûre, c’est que la femme est toujours là. Que ça soit quand je façonne de la terre quand je peins ou quand j’ai envie de faire passer un message sur un mur « public » ce corps et cette âme de femme sont toujours là… Le corps de la femme est mon support principal.

En tant qu’artiste, quels sont pour toi les avantage et les inconvénients des réseaux sociaux ?

Pour ce qui est des réseaux sociaux, on ne peut pas nier que c’est une superbe pub pour nous les artistes, mais je trouve que beaucoup s’y perdent, entre la vie privée et la vraie création. 

Le message pour moi doit passer à travers le dessin final, le ressenti que la personne a en voyant ton œuvre en étant devant dans le réel, pas en étant d’accord avec tes idées ou fan de ta vie. Ce n’est que mon avis. 

Je montre mes différents travaux, mais j’ai du mal à me montrer moi-même et j’ai cette sale impression qu’on va vers ça. 

Je ne souhaite à personne de dépendre émotionnellement des réseaux, de cette reconnaissance et malheureusement quoi qu’on fasse il y a un jugement followique (ahahah). 

Quels sont tes projets ?

Je me laisse envahir par les projets. 

Chaque nouveau projet me fait beaucoup réfléchir et changer.

Je vais travailler sur un gros mur pour la mairie de Toulouse fin juin et je vais initier des enfants et ados au graffiti. J’aimerais continuer à faire ça par la suite. 

Dernièrement j’ai donné des cours dans une maternelle à Toulouse et cela m’a apporté bien plus que je n’aurai pu l’imaginer.

Où pouvons-nous suivre ton actualité ?

Mes actus sont surtout sur insta pour le coup 😉 et sur mon site aussi www.juliaforma.com 

Dernière question as-tu une série, un film ou un livre à nous conseiller ?

Je ne sais pas vraiment pour les conseils de film, ou de livre.

Je dirais juste que ce qui m’a fait évoluer c’est de me plonger en détails dans la vie des gens (des gens importants ou pas), de m’intéresser aux autres, mais de le faire vraiment quoi, d’être à l’écoute. 

Vous pouvez découvrir ou redécouvrir mes autres interviews Street Art ici.


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