Bonjour Julien Guinet, peux-tu te présenter ?
Bonjour, je suis Julien Guinet, artiste-peintre et illustrateur, j’habite à Toulouse depuis 2017. J’ai commencé à peindre sur les murs en 2002.
Depuis quand est-ce que tu dessines ? Et qu’est-ce qui t’a donné envie d’en faire ton métier ?
Je dessine depuis que j’ai six ans, je crois….
En tout cas, mon plus vieux souvenir de moi en train de dessiner date de ce moment-là. C’était un magnifique Power Ranger rouge.
Il n’y a pas eu d’événement particulier qui m’ait donné envie d’en faire mon métier, c’était juste une évidence, je ne me suis jamais vu faire autre chose de ma vie.
Te souviens-tu de ton premier contact avec le monde du graffiti ?
Oui, je m’en souviens très bien. C’était en terminale quand j’ai vu un exposé fait par d’autres élèves qui parlait de l’histoire du Graffiti.
J’ai trouvé ça fascinant de pouvoir peindre des œuvres avec autant de détails et si rapidement grâce à des bombes de peinture. J’en utilisais déjà pour changer régulièrement la couleur de mon scooter. Mais le jour où j’ai vu cet exposé, j’ai commencé à peindre sur les murs du garage de mes parents (qui m’ont d’ailleurs toujours soutenu dans mon travail).
La plupart de tes dessins représentent des animaux avec des déchets dans l’estomac. Quel message souhaites-tu faire passer à travers ces dessins ?
Il s’agit de ma dernière série de peintures que j’ai commencé fin 2018.
Le message est plutôt simple et direct : dénoncer le problème du plastique présent dans les océans.
Je me suis inspiré des livres de biologie qui exhibent l’intérieur des animaux. Les intestins et autres joyeux organes ont été remplacés par des objets en plastique. Je suis très anxieux quant à l’avenir de notre planète, et la peinture est pour moi un moyen d’exprimer mes sentiments et ensuite d’en faire part aux autres.
Quel est ton processus de création, est-il le même pour tous tes projets ?
D’où tires-tu ton inspiration ?
En règle générale, c’est toujours le même processus de création. Je lis des articles sur des sujets qui me touchent et à un moment, j’ai une idée de dessin ou de peinture qui surgit.
Je fais plusieurs croquis jusqu’à arriver à un résultat qui me convient avant de le dessiner sur le support final.
Les sujets qui me parlent le plus sont les thématiques environnementales et sociales.
Tu fais partie du collectif d’artistes Atelier la Poudrière, peux-tu nous en dire plus sur ce collectif ?
C’est un collectif d’artistes que, j’ai rejoints en 2017.
Aujourd’hui, nous sommes 12 artistes peintres, 1 céramiste et 3 compagnies de théâtre à nous partager l’espace.
C’est un espace où nous travaillons chacun sur nos projets, mais qui nous permet aussi d’échanger entre nous et de partager nos points de vue.
De 2006 à 2016, tu as vécu en Argentine, quels souvenirs gardes-tu de cette expérience ? Est-il plus facile de vivre de son art en France ou en Argentine ?
J’en garde un excellent souvenir. L’Argentine est un pays incroyable qui m’a accueilli les bras ouverts. C’est là-bas que j’ai vraiment commencé ma carrière d’artiste peintre et que j’y ai appris les bases du métier. J’ai pu mener plusieurs projets artistiques et exposer dans des musées et des galeries.
Ces expériences m’ont beaucoup apporté tant humainement qu’en matière de connaissances.
J’avais une certaine liberté pour réaliser les projets que je souhaitais que je ne retrouve pas en France pour le moment.
Pour ce qui est d’en vivre, je dirais que c’est aussi difficile ici que là-bas.
Je ne connais pas de recette miracle pour gagner sa vie grâce à la peinture, je dirais juste qu’il faut beaucoup (vraiment beaucoup) travailler et forcer un peu la chance et ça où que l’on soit.
Sur Instagram, tu partages tes astuces pour fabriquer ses propres peintures à partir des pigments à partir de fanes de carottes par exemple, as-tu d’autres astuces à nous partager ?
Sur mon site web, je partage plusieurs recettes. On peut apprendre à faire des aquarelles, ou de la peinture à la farine par exemple, que j’utilise pour peindre mes fresques extérieures. J’explique comment fabriquer des fusains en faisant chauffer des bouts de saules pleureurs dans une boîte de conserve.
Comment t’est venue l’idée de fabriquer tes propres peintures ?
L’idée m’est venue en peignant le premier tableau de la série “Septième continent”.
Ce tableau représentait Polochon (l’ami d’Ariel la petite sirène) et je l’avais peint à l’acrylique. Or l’acrylique est un dérivé du pétrole avec lequel on fabrique du plastique… C’est à ce moment-là que j’ai décidé d’être plus cohérent avec le message que je voulais faire passer. Donc, au fur et à mesure que j’avançais dans la série, j’ai commencé à abandonner l’acrylique au profit de techniques plus écologiques, notamment en peignant à la tempéra (jaune d’œuf mélangé à du pigment). J’ai commencé à extraire les pigments des végétaux puis j’ai fabriqué mes propres fusains et aujourd’hui, je continue mes recherches afin de peindre de manière toujours plus responsable.
Comme on peut le voir sur tes réseaux, ton travail est reconnu par les plus grandes stars, comment vis-tu ce succès ? Et quel soutien t’a le plus touché, surpris ?
J’essaie de garder ma tête sur mes épaules, mais ce n’est pas toujours facile quand Madonna ou Joe Biden t’appellent à 4 heures du matin parce qu’ils veulent un tableau en urgence pour leur salon.
Miley Cyrus est celle qui m’a le plus surpris. Elle m’a appelé un dimanche matin pour me dire qu’elle était complètement fan de mon travail et si je pouvais lui dessiner son prochain tatouage. J’ai été ému, moi qui ai toujours été fan d’Hannah Montana, c’était magique.
Quels sont tes projets ?
J’ai une exposition prévue à Mazamet (petite ville du Tarn) fin novembre, mais en général en hiver, je reste plutôt à l’atelier pour produire des œuvres et je recommence à exposer à partir du mois de mars. Sinon j’ai un projet de carnet de voyage autour de la plante de Pastel et du pays de cocagne, que je dois mettre en page et imprimer bientôt.
Où pouvons-nous suivre ton actualité ?
Sur mon site web et sur Instagram (@julienguinet).
Dernière question, as-tu une série, un film ou un livre à nous conseiller ?
Dernièrement, j’ai vu la série Dahmer sur Netflix et ça m’a plu.
En livre, j’ai toujours dans mon sac à dos “Pensées pour moi-même” de Marc Aurèle et je lis quelques passages au hasard quand j’ai un peu de temps, comme dans le métro par exemple, en général ça m’aide à être plus serein.
Comme film, je conseille Terminator 2 que je ne me lasse jamais de regarder.
Merci !
Merci à toi et bonne continuation.
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