Bonjour, Piet Rodriguez. Peux-tu te présenter brièvement ?

Bonjour, je m’appelle Pierre Rodriguez aka Piet Rodriguez. Je suis artiste peintre, muraliste, basé à Bruxelles depuis 2000. Je suis belge dans l’âme, français sur papier. 

Qu’est-ce qui t’a incité à changer de carrière et à te tourner vers l’art après avoir suivi des études en hôtellerie-restauration ?

Je ne me suis pas tourné tout de suite vers l’art (quoique) après mes études en hôtellerie-restauration, mais bien vers des études de publicité. On peut d’ailleurs y voir dans ces deux disciplines une recherche artistique tant dans la présentation des plats que dans la composition et la recherche d’une image forte dans la pub. Cependant, lors de mes études en pub, j’ai commencé à dessiner de manière plus soutenue et cela m’a amené petit à petit vers des créations sur toile. C’était un besoin de m’exprimer, d’extérioriser, une forme de thérapie.

Peux-tu nous en dire plus sur ton processus de création ? Varie-t-il en fonction que tu travailles en solo ou en collaboration ?

Mon processus consiste dans un premier temps à réaliser un shooting photo avec un/des modèles (partant d’une idée, parfois vague de là où je désire aller) et dans un deuxième temps, je travaille une composition sur Photoshop avant de la retranscrire vers une toile ou un mur et de rajouter/ déformer ce projet en fonction du mood dans lequel, je le réalise. 

Cela ne change pas mon processus lorsqu’une collaboration se fait. Il faut alors se renvoyer le projet avec l’autre artiste afin de faire un jeu de ping-pong pour que le projet s’imprègne de tous les acteurs.

Comment une collaboration entre artistes se met en place ?

Dans mon cas, j’ai beaucoup de mal à collaborer avec d’autres artistes, la preuve en est, c’est que je n’arrive à faire cela qu’avec très peu d’artistes. J’ai besoin de partager une complicité avec eux, car un bon dialogue à ce moment est très important pour que tout le monde s’y retrouve.

On remarque que beaucoup de tes œuvres n’ont pas de visage, pourquoi ce choix ?

Dans un premier temps, j’ai voulu m’affranchir des visages, car c’est un élément sur lequel les gens s’arrêtent.
Le regard, le visage est un élément que l’homme est intrinsèquement destiné à voir partout (question de survie depuis la nuit des temps). Alors qu’un portrait ne se résume pas à cela, on peut découvrir une personne par sa posture, son style vestimentaire… 
Dans un deuxième temps, j’ai voulu faire un pied de nez à la société hyper égocentrique dictée par les réseaux sociaux où tout le monde cherche à être connu/célèbre.

Et enfin, après des mois à avoir travaillé dessus, j’ai réalisé que c’était un moyen pour moi d’enfin aborder un thème cher à mon cœur qui est la disparition de mon père (que j’ai perdu à l’âge de 9 ans). C’est un thème sous-jacent que je n’avais jamais affronté frontalement et grâce à cette série, j’ai enfin pu m’y confronter et assumer cette douleur qui fait partie de moi depuis si longtemps.

Quelles sont tes principales sources d’inspirations ?

Très jeunes mes parents m’ont trainé dans les musées et m’ont transmis leur passion pour les peintres flamands et italiens du 16ᵉ et 17ᵉ siècle, ainsi que pour les natures mortes et le surréalisme.

Y a-t-il un message que tu veux faire passer à travers ton travail et tes œuvres ?

Parfois oui parfois non.

Mon travail est très personnel, il part d’une forme de thérapie. J’ai souvent abordé des thèmes afin d’exorciser des idées sombres et de temps en temps, j’ai envie de traiter d’idées plus universelles, mais il m’arrive de faire des recherches purement esthétique. 

Si tu devais définir ton style en 3 mots, lesquels seraient-ils ?

Personnel, surréaliste et thérapeutique.

Qu’as-tu ressenti lorsque ton compte Instagram a été piraté ?

Dans un premier temps, vous l’imaginez bien de la frustration d’avoir perdu 10 ans de travail et d’avoir été assez bête pour me faire avoir (alors que je suis le premier à faire attention à ce genre de chose) et puis comme j’aime positiver, j’ai voulu y voir une occasion de faire table rase et de recommencer à zéro (de toute façon, je n’avais pas le choix).

Quels sont pour toi les avantages et les inconvénients des réseaux sociaux ?

L’ouverture sur le monde est assez incroyable bien entendu et la possibilité d’atteindre des gens que l’on ne verra malheureusement jamais est un point positif. Le fait de pouvoir s’affranchir par moment des institutions telles que les galeries en est un autre, bien que je les trouve nécessaires quand elles sont en faveur d’une collaboration saine et constructive avec les artistes.

Pour mon travail, c’est un point assez positif. Il y a bien sûr toutes les dérives que l’on peut voir avec la jeunesse. Notamment le fait que paradoxalement, même si la communication est devenue plus « facile », cela a rendu beaucoup de gens plus seuls et renfermé dans l’image fausse et tronquée que les réseaux sociaux nous renvoie. 

Quels sont tes projets artistiques pour cette année ?

J’ai plusieurs murs qui m’attendent en Italie et en France, ainsi que des projets d’atelier.

Je me suis découvert l’année dernière une nouvelle vocation de « chef » de projet avec des personnes extérieur qui me plaît beaucoup. Le contact avec les gens étant déjà un point fort au fait de voyager pour les fresques et s’en est devenu un autre dans ces ateliers. L’humain est la chose la plus importante.

Dernière question, as-tu une série, un film ou un livre à nous conseiller ?

Cela peut paraître bizarre, mais le livre « Point et ligne sur plan » de Kandinsky m’a beaucoup inspiré bien que cela ne se voit pas « encore » dans mon travail.

Merci.

Retrouvez Piet Rodriguez sur Instagram et Facebook.

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