Bonjour Monsieur Zaide, peux-tu te présenter ?

Bonjour, je m’appelle Romain, mais je suis présent sur Internet sous le nom de Monsieur Zaide. C’est un pseudo que j’ai pris au début de l’année 2019 pour présenter mes créations.
Toulousain d’adoption, je travaille dans un cabinet comptable dans lequel je suis auditeur financier le jour. Et le soir, je travaille sur différents projets artistiques : musique, graphisme, vidéo… J’essaie de toucher à tout pour pouvoir faire des passerelles entre les différents médiums et ainsi pouvoir transposer au mieux mes idées de manière visuelle ou sonore.

Pourquoi Monsieur Zaide ?

Pour la faire rapide, quand j’étais jeune, j’écoutais beaucoup de hip-hop américain et j’avais un style vestimentaire… particulier. Du coup, certains de mes potes m’appelaient Jay-Z.
Le jour où j’ai commencé à faire du son, j’étais DJ et comme je fais souvent de très mauvais jeux de mots, j’ai décidé de m’appeler Dj-Z (prononcé à l’anglaise)… qui s’est transformé en Le Z (prononcé à la française) un peu plus tard, quand je n’étais plus vraiment DJ, mais Beatmaker.

Quand j’ai lancé mon projet l’an passé, je voulais garder le « Z » pour le côté sentimental, mais m’en distinguer aussi, car cette nouvelle entité est multidisciplinaire. J’ai donc basculé sur « Monsieur » et j’ai décliné le « Z » en « Zaide » pour éviter tout problème de prononciation et pour introduire l’idée d’aide, de conseil artistique, car c’est aussi l’un de mes buts. Pouvoir me mettre au service des autres.

Tu es très actif sur les réseaux sociaux, qu’est-ce qui t’a donné envie de te lancer ?

En fait, il y a eu plusieurs déclencheurs.

Le premier, ça a été un ami qui m’a encouragé à l’automne 2018 à m’inscrire sur Instagram pour découvrir « des tas de gens inspirants ».
Chose que j’ai faite et qui effectivement m’a beaucoup inspirée, notamment sur le graphisme, l’animation et le street art.

2019 est vite arrivée et avec elle, l’envie de me lancer un défi en guise de bonne résolution : relancer la machine créative. Cela faisait des années que je faisais de la musique, mais également du montage vidéo et un peu de graphisme. Et finalement, hormis la période où je faisais partie de MP1point2, j’ai toujours eu tendance à garder mes projets dans les tiroirs. Du coup, je me suis mis au gros coup de pied au cul et j’ai commencé à réfléchir à un nom, puis un logo.

Début janvier, j’ai mis en ligne une vidéo où je présentais la création de l’identité graphique de Monsieur Zaide et où j’expliquais, en gros, que j’allais faire plein de choses en 2019 : musique, vidéos, graphisme. Sauf qu’à ce moment-là, hormis la vidéo en question, je n’avais rien de finalisé à dévoiler. Je me suis mis au pied au mur tout seul.

Je me suis donc donné plusieurs objectifs comme mettre en ligne un son par semaine ou réaliser des vidéos de live. Et me remettre à Photoshop.
Au début, c’était pour réaliser des artworks ou des compositions photos afin d’illustrer les musiques que je mettais en ligne. Puis de fil en aiguille, j’ai commencé à faire des créas sans aucun but si ce n’est faire des tests en me donnant pour objectif d’alimenter mon compte Instagram. Au début, je visais un post par semaine. Puis, un post tous les deux jours. Puis un post tous les jours. Juste avant l’été, j’avais un stock de visuels d’avance et j’ai commencé à réfléchir à comment structurer un peu tout ça.
C’est là que j’ai créé mes comptes thématiques.

Peux-tu nous en dire plus sur ces comptes thématiques ?

Sur la partie « graphisme« , j’avance depuis le début sans savoir où je vais.
Je fais des tests, créé des accidents et à un moment, je me dis « stop, c’est ça que tu voulais faire ». Sauf que créer des visuels (en plus parfois très abstraits), sans aucune application concrète, ça m’a un peu frustré au bout d’un moment. J’ai donc réfléchi à comment rendre ces créas plus concrètes. Et c’est là que j’ai lancé les concepts « that don’t exist ».

Pour les « Graffitis that don’t exist», tout est parti d’une création (la première qui apparaît sur le compte) qui était très graphique et finalement très inspirée par des graffeurs que j’aime. J’ai donc eu l’idée d’intégrer cette créa dans un environnement urbain et ça a lancé la série. Du coup, maintenant, partout où je vais, je prends des rues, des portails ou des murs en photo, et dès que je rentre, je regarde si j’ai un visuel en stock qui pourrait s’y intégrer. Si je n’en ai pas, j’essaie d’en créer.


Pour les « Discs that don’t exist», là aussi, c’est mon envie de rendre mes créas tangibles qui m’a poussé à aller plus loin. Comment mettre en valeur mes créas ? Avec des graffitis ? OK, mais ça ne marche pas avec les visuels abstraits ou les photos. Assez naturellement, vu que j’en faisais pour mes sons à moi, j’ai pensé à décliner mes créas sous la forme de pochettes de disque. Je trouve que ça met vraiment en valeur les couleurs et les textures. Et puis, c’est quelque chose que je pourrais vendre un jour.


Enfin, sur mes deux autres comptes, on est encore sur quelque chose d’assez abstrait. 

Le compte « Stuffs that don’t exist » recense beaucoup de tests que je fais.
Je l’ai imaginé comme un lookbook, une galerie, donc j’y présente des couleurs, des formes ou des textures qui n’exist(ai)ent pas.
J’y ai privilégié la forme carrée avec un cadre, comme des tableaux.


Sur « Planets that don’t exist», j’imagine des planètes qui n’existent pas, dans un univers parallèle où le ciel est gris clair. Cela me permet de mettre en valeur certaines de mes créas un peu différemment.


Au final, mes comptes thématiques m’ont permis de pousser certains délires plus loin. Et aussi de mieux gérer la publication sur mon compte principal. Je poste quasiment tous les jours sur mes comptes thématiques et je garde le meilleur pour mon compte principal, pour ne pas assommer ceux qui m’y suivent.

Pourquoi avoir choisi de créer des œuvres qui n’existent pas (encore) ?

Ce qui me plaît avec le concept des « œuvres qui n’existent pas« , c’est qu’en les dévoilant, elles existent, mais partiellement. Exister virtuellement, est-ce vraiment exister ? Du coup, ton « encore » est très juste. Parce que j’espère qu’elles existeront physiquement un jour et qu’elles seront dans la rue pour les graffitis ou dans les bacs pour les designs de pochette. Et qui sait pourquoi pas sur les murs de la Cité de l’Espace pour mes planètes ?

D’où tires-tu ton inspiration ? Quels sont tes artistes références ?

Alors, j’ai un vrai modèle qui est 20Syl. C’est un artiste génial qui sait faire plein de choses et qui les fait toujours de manière incroyable. Rappeur, Beatmaker, DJ, graphiste, designer… tout ce qu’il touche est superbe.
Sinon, pour l’aspect visuel, il y a deux personnages qui représentent bien ce que j’aime dans l’art : Banksy et Keith Haring. Aussi bien dans le fond que dans la forme, j’adore leur travail.
Et plus près de nous, sur le Street Art, j’aime vraiment beaucoup le travail de Grems.
Et je dois quand même ajouter que nous avons beaucoup de chance à Toulouse d’avoir des artistes comme Tilt, Der, Reso, Toncé ou 100Taur.

Quel est ton processus de création ? Est-il le même pour tous tes projets ?

Pour le graphisme, le processus peut varier selon si je sais ce que je veux ou pas, et selon si j’ai une matière de base, ou pas. 

Concernant mes œuvres abstraites, je pars souvent d’une photo que j’ai faite et je la triture dans tous les sens. Cela m’arrive aussi de partir de dessins ou même de peintures de ma fille, par exemple.

Pour les graffitis, je pars souvent de zéro en ayant une idée en tête. Et pour être honnête, dans 75 % des cas, ce que j’obtiens à la fin n’est pas du tout ce que j’imaginais ! Mais c’est souvent mieux donc…

Quels logiciels utilises-tu ? Comment as-tu appris à les utiliser ?

En fait, je fonctionne pour le graphisme un peu de la même manière que pour la musique. Étant donné que je n’ai jamais appris ni le solfège, ni le graphisme, je fonctionne beaucoup au feeling. Je n’utilise pas mes logiciels (Maschine et Logic pour la musique, Photoshop pour le graphisme) dans les règles de l’art, mais j’essaie toujours d’en tirer le maximum. J’ai appris à les utiliser seuls, parfois en m’appuyant sur des tutos. Mais je suis un adepte du DIY et du bricolage et j’arrive toujours à mes fins.

Est-il possible qu’un jour, on retrouve tes œuvres dans la rue ?

Oui, comme je te le disais juste avant, j’aimerais beaucoup ! En fait, c’est même un de mes objectifs pour 2020 : concrétiser toutes « ces œuvres qui n’existent pas », tout le travail réalisé depuis quelques mois en le rendant tangible. Je crois qu’au fond, ça fait très longtemps que j’avais envie de faire du Street Art, mais je ne me sentais pas forcément légitime. Ou en tout cas, je n’avais pas réellement de matière. Avec tout ce que j’ai accumulé comme idées depuis un an, j’ai largement de quoi commencer.
Sachant qu’en passant de l’autre côté, ça va sûrement changer ma manière de réfléchir mon travail et me donner de nouveaux axes de réflexion.

Quels sont les avantages et inconvénients des réseaux pour des artistes comme toi ?

Ben au niveau des avantages, déjà, ça me permet de rencontrer des gens comme toi. Il y a beaucoup de passionnés, comme nous, sur les réseaux, et rien que pour ça, je crois que ça vaut le coup.
D’une manière plus générale, c’est vraiment super d’avoir des outils comme ça pour présenter notre taf. 
Ça doit certainement paraître ridicule pour beaucoup de gens, mais je fais souvent mes posts sur Instagram ou Twitter en anglais alors que la plupart de mes followers sont bien sûr français. Mais le truc, c’est que dès que tu mets un pied sur les réseaux sociaux, tu peux toucher le monde entier.
Et d’ailleurs, la plupart du temps, j’ai plus de retours de gens que je ne connais pas et qui ne me suivent pas que des gens qui me suivent. C’est donc une super opportunité pour les artistes comme moi. 

Mais il y a aussi des écueils. Et donc pour la musique comme pour le graphisme, il y a aujourd’hui beaucoup, beaucoup, de propositions artistiques et il n’est clairement pas évident de sortir du lot. Si tu rajoutes à ça le fait qu’aujourd’hui, les réseaux sociaux sont le principal vecteur de communication pour les artistes (et encore plus les artistes en herbe)… c’est un peu le piège qui s’est refermé sur nous.
Facebook & co l’ont bien compris et ils ont réussi au fur et à mesure à cadenasser le truc en restreignant la visibilité des posts afin de pousser les artistes à passer par la case « sponso » pour toucher les gens.

Est-ce que cela t’est déjà arrivé que des gens utilisent tes créations sans ton autorisation ?

Alors, ça m’est déjà arrivé, mais j’ai eu la chance d’être tombé sur un musicien honnête puisque après avoir utilisé un visuel qu’il avait retrouvé sur le Net, il a retrouvé ma trace sur Instagram et m’a demandé mon autorisation. J’ai apprécié sa démarche et en plus, il s’avère que j’adore ce qu’il fait, donc j’ai validé la pochette, et je lui en ai réalisé trois autres dans la foulée.
J’invite les lecteurs à aller écouter sa musique (il a deux alias : Relyos pour la partie House et Soyler pour la partie Hip-Hop).

Comment vois-tu l’évolution du Street Art dans les années à venir ?

Je crois que ça va continuer à se démocratiser. Certains artistes ont réussi à installer le Street Art dans les musées ou les expos d’art contemporain, ce qui a permis de lui conférer une crédibilité en lui donnant une nouvelle valeur (symbolique, mais également financière). Mais le Street Art est aussi de plus en plus présent et accepté dans la rue. Et au fond, c’est ça qui va lui permettre de continuer à se démocratiser. Car c’est bien beau les expositions ou les musées, mais ça ne touche qu’une partie de la population. Être visible dans la rue, c’est être plus accessible par plus de monde et donc donner envie à des enfants (petits ou grands) d’en savoir plus sur cette forme d’art. Et de créer des vocations.

Quels sont tes projets ?

J’ai beaucoup progressé depuis quelques mois et j’ai construit, sans vraiment y penser, un genre de book. Mais je dois encore travailler dur pour imaginer et réaliser des créas qualitatives et originales.
Je continue à tester plein de choses en espérant trouver ma touche, mon créneau.

À côté de ça, pour 2020, au-delà de tester le Street Art, j’ai pour objectif de développer les collaborations.

Je vais continuer de travailler sur la direction artistique, sur la partie visuelle des copains de NONOGO pour qui j’aimerais réaliser les artworks pour les nouveaux EPs, et pourquoi pas un clip.

J’aimerais également continuer à proposer des visuels pour les prochains singles de Relyos

Une collaboration dans le même style est également en cours avec un label de musique électronique toulousain qui s’appelle «Pain Benit».

Sinon, je suis en contact avec un illustrateur nantais talentueux avec qui j’aimerais réaliser une série de « dessin de presse ». Cela fait plusieurs mois que je note régulièrement des idées. J’espère que l’on réussira à les mettre en forme, car faire passer des messages avec un dessin, c’est un exercice qui me plaît beaucoup. Et ça me manque un peu pour l’instant, parce qu’avec la musique et le graphisme, j’ai juste envie de partager ce que je crée, que ce soit un projet travaillé ou juste un artefact.
Mais je cherche rarement à dire quelques choses.

Puis, je suis aussi en contact avec Pauline Tournier une artiste d’origine aveyronnaise (comme moi), qui est géniale et avec qui j’aimerais beaucoup travailler sur un projet transversal, qui mélangerait peut-être différentes disciplines.

Pour la musique, j’ai réalisé et mis en ligne plus de 40 sons sur 2019, donc je souffle un peu. 
Mais j’aimerais sortir au moins un EP pour chacun de mes alias sur 2020. Et en ce qui concerne la vidéo, je vais essayer de boucler un « showréel » (une vidéo qui reprend les principaux projets sur lesquels j’ai travaillé) assez vite afin de pouvoir présenter mon travail.

Où pouvons-nous suivre ton actualité ?

Je centralise mes créas préférées sur mon compte Instagram où j’y partage mes visuels, mes vidéos ou ma musique, mais également des coups de cœur ou des petits traits d’esprit dans des stories que j’essaie de rendre interactives. 

Ensuite, il existe donc les comptes thématiques :

Sinon, je centralise mes vidéos sur ma chaîne Vimeo.  

Enfin, en ce qui concerne la musique, j’ai 3 SoundCloud différents : 

Voilà, je crois avoir fait le tour… 
Pfiou !

Vous pouvez découvrir ou redécouvrir mes autres interviews Street Art ici.


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