Bonjour Superstop, peux-tu te présenter ?
Hello, je suis Superstop artiste peintre, graphiste, originaire de Toulouse.
Vous pouvez voir mes productions pour mieux me connaître sur les réseaux sociaux.
Comment as-tu choisi ton nom d’artiste Superstop ?
Pendant ma jeunesse, lors des leçons de conduite, revenez la question : “Que faire devant un panneau stop ? Marquer un temps d’arrêt”.
J’ai eu envie de croire que devant mes œuvres, les gens voudraient s’interrompre, prendre le temps d’observer mon travail. C’est pourquoi, j’ai choisi ce nom d’artiste.
Et j’ai donc rajouté le “Super” car stop tout court, selon le contexte, ça passe inaperçu.
Quand as-tu commencé à dessiner et comment définirais-tu ton style ?
J’ai commencé à dessiner vers 8/9 ans, j’étais impressionné par mon cousin plus âgé, qui vit au Portugal. À l’époque, il faisait de la BD et il m’avait envoyé quelques-unes de ses planches. À partir de là, j’ai voulu faire comme lui. De là, a commencé ma passion pour le dessin.
Chaque été, on se montrait nos productions d’illustrations de BD et chaque année nos Bandes Dessinées étaient plus ambitieuses. À la fin des vacances, je partais avec cette envie de faire mieux et de me dépasser.
Pour mon style, je dirais qu’il vient de diverses influences : la culture populaire, la BD, l’histoire de l’art, le graphisme, la création contemporaine et pas mal de l’humeur du moment.
J’ai deux styles distincts :
– Un style figuratif semi-réaliste, avec des sujets “sérieux”. Où je mélange des techniques classiques et des outils comme la bombe, majoritairement sur toile.
– Un style léger avec des personnages amusants. Que l’on retrouve plus fréquemment lorsque je participe à des fresques avec différents artistes.
Par ailleurs, ma profession est graphiste, ce qui m’oblige à être polyvalent.
Quel a été ton premier contact avec le Street Art ?
Mon premier contact avec le Street art fut le graffiti et le tag enfant, en tant que spectateur.
J’avais un regard innocent. Je me souviens vers 9 ans d’avoir croisé une des filles du Hanky Panky Girls (je crois que c’était Fafi) en pleine réalisation d’une peinture en centre-ville (rue Baour Lormian).
Elle semblait décontractée et blasée du travail qui lui restait à finir, sans trop savoir ce qui se passait.
Plus tard, j’apprenais que ces peintures étaient réalisées avec des fausses autorisations.
Adolescent, je prenais le bus et de je me rendais compte que la signature sur le dossier du siège était la même que celle sur les murs, au-dessus des toits.
C’était la ligne de bus 10, le quartier des Minimes. Elle était peinte en grandes parties par les gars du KMK & USK. À partir de là, j’ai vraiment été impressionné par l’investissement des acteurs de la discipline.
Je m’imaginais leurs quotidiens, les gars devaient être surmotivés, avoir toujours un marqueur, une bombe sur eux. Ils devaient lâcher un tag à chaque déplacement et sortir le soir pour faire leurs Graffs. Je n’étais pas de suite dans le délire graphique du truc, ça me semblait un autre univers mystérieux. À cette période, l’énergie de ces graffeurs me faisait clairement me remettre en question, autant au niveau de ma motivation que de mon investissement dans la peinture.
Qu’est-ce qui t’a décidé à peindre dans la rue ?
J’ai commencé à peindre avec une bombe à 17 ans, à l’initiative d’un surveillant de mon lycée ETHHIK, qui avait lancé plusieurs initiatives autour du Hip-Hop et notamment le club graffiti. L’objectif du club graffiti était de réaliser une fresque, c’était mon camarade de classe BIR, déjà initié au tag, qui m’a convaincu d’y participer.
Je crois qu’il n’y avait pas assez de monde pour que le projet aboutisse et je ne dessinais pas trop mal à cette époque, du coup, on a pensé à moi.
Bref, à ce moment-là avec d’autres élèves, on a réalisé la fresque et ça a été une vraie révélation pour moi. Je trouvais l’outil de la bombe très capricieux, mais au premier coup, j’arrivais à sortir des trucs pas trop mauvais. Nous peignions le mercredi après-midi, le lendemain sous le préau du lycée sans que personne sache qui avait peint, on entendait les réactions, c’était vraiment cool.
Mon travail était vu par tout le lycée, c’était une nouvelle sensation.
Suite à cette expérience, j’ai commencé à suivre mon pote Bir et d’autres collègues (Pao, Fresh, Pako) pour peindre, essentiellement dans des lieux désaffectés (c’était juste après l’explosion de l’usine AZF, il y avait plein d’endroits) et à m’intéresser plus sérieusement à la culture, la philosophie autour du graffiti.
Quelle est ta définition du Street Art ?
Pour ma pratique, je préfère parler de peinture.
Le Street Art c’est un terme générique et vague, ça va du graffiti illégal aux grands murs commissionnés. Je t’avoue ne pas arriver à pouvoir en défendre une définition, selon le contexte, il n’a pas le même sens.
J’entends des gens dire qu’ils vont voir une exposition de street art en galerie. Dans la bouche des activistes du graffiti, le “street art” c’est plus un terme que j’entends de manière péjorative pour désigner ce qui ne s’inscrit pas dans la culture graffiti.
Selon l’interlocuteur, c’est un terme souvent source de malentendu, l’illégalité qui est surtout cultivée dans le graffiti, attire les récupérations politiques, commercial, des gens qui veulent s’encanailler, s’associer à l’image pseudo rebelle du truc.
J’aime bien la désignation “spray can art”, elle désigne plus l’usage de l’aérosol en tant qu’outil. L’aérosol impose une façon de peindre, offre un énorme champ des possibles pour peindre en milieu urbain.
Tu fais partie des artistes qui soutiennent l’association Learn and Skate, en réalisant des planches customisées, qui sont ensuite mises aux enchères. Qu’est-ce qui t’a donné envie de faire partie d’un tel projet ?
Le projet est porté par mon ami Jean-Claude Géraud, je l’ai rencontré pour sa première.
C’est quelqu’un plein de fougues et d’énergie, sa motivation est contagieuse et ses projets sont un peu fous : construire des Skateparks, des écoles pour les gamins à travers le monde (comme il l’a pu faire notamment en Ouganda ou encore en Mongolie), grâce à la vente d’œuvre d’art.
C’est un plaisir de voir ses projets ambitieux se réaliser.
Le suivre dans cette aventure m’a permis de voyager et de faire des rencontres. Ces expériences ont toujours été enrichissantes sur le plan humain.
En tant qu’artiste, quels sont pour toi les avantages et les inconvénients des réseaux sociaux ?
L’aspect positif est que le travail peut être vu à une grande échelle.
L’inconvénient, c’est que l’on ne voit pas l’œuvre en vrai, on ne ressent pas la même chose. Entre une peinture où l’on doit s’aventurer dans un lieu désaffecté pour l’admirer et sa photo, l’expérience est différente. Même pour un tableau, on ne peut pas aussi bien percer les mystères de la technique utilisée.
Les réseaux sociaux permettent de mettre en avant l’esthétique de tes œuvres. Mais, ils n’arrivent pas à retranscrire l’émotion instantanée que l’on peut avoir lors de la contemplation d’une œuvre d’art.
Je pense que c’est une bonne, ils servent la cause artistique.
Comment vois-tu l’évolution du Street Art dans les années à venir ?
Le Street Art est déjà très segmenté, je l’imagine se segmenter davantage, en diverses disciplines/mouvements et sous disciplines/sous mouvements.
Quels conseils donnerais-tu à des personnes qui voudraient se lancer dans le dessin, la peinture ?
Le grand secret est le travail, la pratique et la répétition associés à la passion. De bien préparer, réfléchir à ce que l’on donne à montrer, faire de son mieux et recommencer.
Avoir un regard un peu critique sur les sollicitations qui peuvent arriver, ne pas tout considérer comme le plan de sa vie.
Surtout se préoccuper d’aimer ce que l’on fait plutôt que du « qu’en dira-t-on ».
Quels sont tes projets ?
Je prépare des peintures sur toile. J’aimerais exposer un corps d’œuvres dans les mois à venir et ensuite faire voyager ma peinture. À voir selon l’évolution de la situation sanitaire actuelle, comment les choses évoluent.
Où pouvons-nous suivre ton actualité ?
Sur Instagram, Facebook et Behance.
Vous pouvez découvrir ou redécouvrir mes autres interviews Street Art ici.
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