Bonjour Narcisse au carré, pouvez-vous vous présenter ?

Notre collectif artistique autodidacte Narcisse au carré est né en 2013 du travail en collaboration d’un frère et une sœur, chanteur d’opéra et UX designer.

En 2020, s’est incorporée temporairement une autre âme artistique au projet. Ce qui a apporté d’autres horizons et a été un complément à fortes valeurs ajoutées.

Mi 2021, nous sommes repartis en duo.


Quels sont les avantages et les inconvénients de travailler en groupe ?

Les avantages du groupe, c’est que le dialogue et les interactions font qu’on avance plus loin. Il y a plus d’idées, plus de foisonnements créatifs. Les différents vécus des uns et des autres favorisent l’inspiration et le partage de savoir-faire. Et concrètement, à plusieurs, de façon plus basique et logique, il y a plus de production : chacun à des endroits différents en France, c’est assez parfait pour multiplier les polamiroirs partout sur le territoire simultanément. 

Les inconvénients sont la distance qui demande une certaine organisation pour que le collectif puisse continuer à échanger régulièrement et rester uni sur la direction à prendre.

Comment vous est venu l’idée de créer le projet Narcisse au carré ?

C’est vraiment l’envie de créer en commun plus l’amour du street art qui nous a amené à créer ce projet.
L’idée de départ était d’écrire autoportrait sur un miroir. On avait conscience que cela créait une expérience amusante, car l’œuvre est adaptable et évolutive en fonction de celui qui s’y regarde.

Au fur et à mesure de nos réflexions, on a vraiment pris conscience de l’expérience double. Premièrement, découvrir un curieux miroir et y lire une phrase. Et deuxième , prendre conscience de son reflet et y associer la légende, ce qui peut créer une réaction émotionnelle. C’est à ce moment qu’on a choisi de réduire la taille du miroir et écrire une légende plus petite.

L’idée du Polaroid est venue par contrainte technique, pour dépasser la difficulté d’arriver à écrire sur un miroir sans que le texte s’efface. C’est en quelque sorte du street art expérientiel.

Votre projet fait référence au mythe de Narcisse, par son nom, mais aussi de par votre concept. Pour faire vivre l’œuvre les passants peuvent se regarder dans le miroir et prendre une photo à la manière d’un Polaroid. Pourquoi ce choix ?

Tout le monde aura bien compris la référence initiale au monde narcissique dans lequel on vit.

Rappelons que quand on a choisi le nom, c’était la grande période des selfies et des duckface donc utiliser narcisse pour le côté « celui qui aime se regarder dans son reflet » était vraiment très adapté.

On a ajouté le suffixe « au carré » pour créer une signature personnalisée au nom. Il y a une part d’autodérision dans ce choix. Il fait référence à « nous et nos reflets » parce que l’introspection nous parle beaucoup.
Et puis bien sûr, il y a l’aspect exponentiel de l’indice qui fait lien avec la multitude de personnes qui vont se voir dans nos miroirs.

Le fait que les personnes se prennent en photo dans un polaroid miroir, c’est plutôt une conséquence de l’attraction que suscite le projet. Et qui nous ravie.

Vos miroirs sont toujours accompagnés d’un petit texte, comment les choisissez-vous ?

Les influences et les inspirations sont multiples.

À la création, les textes étaient essentiellement accès sur l’idée du narcissisme et du selfie. En particulier sur le rapport que chacun peut avoir avec son reflet et/ou soi-même tels « selfie du réel », « Portrait du réel », « puis-je me regarde dans une glace ? », « suis- je moi ? »

Par la suite, on s’est rendu compte que le champ des possibilités était beaucoup plus large. Et on s’est ouvert à d’autres thématiques comme l’humour (en lien avec des chansons ou des films connus « you’re talking to me » ou « qu’est-ce qu’elle a ma gueule »). La philosophie, le développement personnel, l’action engagée (la série des « essentiel.le ») ou plus simplement la poésie.

On s’autorise toutes ces variations avec, pour cadre, quelques règles simples comme éviter d’utiliser le tutoiement (pour continuer de privilégier l’introspection) et rester dans des thématiques plutôt positives. On a chacun des listes de légendes qu’on garde dans un coin. Elles peuvent émerger de notre réflexion.

Parfois, c’est au détour d’une conversation, en entendant des phrases qui commencent par « je… » qui nous interpellent.

On peut aussi garder des phrases, des expos qu’on voit, des titres de films ou livres qui nous plaisent ou issues d’interview ou documentaire. On peut également être inspiré par le lieu où on souhaite coller, ce qu’on va voir dans le reflet ou même un détail à proximité. 

Dernièrement, la collaboration avec un guide féru d’histoire a été une nouvelle façon d’expérimenter la création de légendes parce qu’il s’agissait de retranscrire l’histoire du lieu dans la phrase tout en gardant le style introspectif/poétique/humoristique habituel et qu’on l’a fait à deux en dialoguant sur place.

Les manières de trouver les légendes se multiplient et s’enrichissent en faisant et en expérimentant.

Où pouvons-nous trouver vos miroirs ?

En France et à l’étranger.

On colle dès qu’on en a l’occasion. Vous en trouverez beaucoup dans les villes près desquelles on vit (Paris, Toulouse, Avignon, Nîmes, Marseille) mais aussi là où nous nous déplaçons/voyageons (Rennes, Le Mans, Porquerolles, Sètes, etc.)

À l’étranger, on en trouvera à Lisbonne, Porto, Barcelone, Milan, Moscou. On les colle soit par le biais de nos voyages respectifs, soit par l’intermédiaire d’amis. Il y a aussi des échanges de bons procédés avec des artistes étrangers qui nous demandent de coller leurs œuvres en contrepartie dans la rue.

Et puis enfin, vous en trouverez aussi des plus discrets chez quelques particuliers… soit parce qu’on les offre, soit parce que ce sont des commandes qui sont souvent de très jolies demandes.

Pour avoir un aperçu global, il existe une Google map visible dans la bio de notre Instagram.

Attention cependant, car la durée de vie des œuvres dans la rue peut être éphémère donc la carte n’est pas vraiment à jour…

(Précision pour la lecture de la Google map : on ajoute RIP devant le nom lorsqu’on sait qu’un miroir a disparu).

Quel est pour vous le spot parfait pour y coller vos miroirs ?

Un endroit (de préférence un mur relativement plat) qui a du sens par rapport à la légende écrite sur le polamiroir et où il y a du passage pour favoriser l’interaction. Si l’image qui se reflète est belle, c’est encore mieux.

Vous faites beaucoup de collaborations avec d’autres artistes, pouvez-vous nous expliquer comment cela marche ?

Instagram a beaucoup simplifié la manière d’interagir entre artistes. Grâce aux réseaux sociaux, on peut découvrir assez simplement le travail d’autres artistes et rentrer en contact.

Ainsi la mise en relation peut venir de nous, mais aussi des autres. Il y a un côté communautaire au Street art auquel on est tous contents d’appartenir et le travail en commun vient enrichir la pratique des deux parties.

La toute première collaboration que l’on est faite, c’était avec Succulentes in Toulouse

À noter également les deux jolies collaborations avec l’illustratrice Cécile bonbon et le poète Remi.

Et plus récemment, la collaboration avec Théo, guide de Montmartre. 

Nous voudrions aussi citer Gregos et Jean-baptiste Pellerin qui partagent très généreusement leur savoir-faire quand on le leur demande. 


En tant qu’artistes, que représente pour vous, les réseaux sociaux ?

C’est à la fois une vitrine, mais aussi un incroyable lieu de partage et d’échange.

Quels sont vos projets ?

Continuer de coller partout en France, et ailleurs dans le monde, adaptant les légendes dans chaque langue.

Favoriser les lieux ou les grandes villes sensibles au street art : NYC, San Francisco, Rio, etc. Et faire découvrir au plus grand nombre ce concept de street art expérentiel.

Faire d’autres collaborations.
À Paris, la collaboration avec Théo. Cofondateur de la Cachette de Paris et guide érudit sur certains quartiers de Paris devrait se poursuivre.

Projet souhaité : participer à des « murals » avec (rêvons un peu) Jordane Sajet et Alexandre Bouchon, deux artistes dont on apprécie le travail

Rêve ultime : participer au festival de street art Ono’u en Polynésie française. 

Où pouvons-nous suivre votre actualité ?

Toute l’actualité de ce street art expérientiel est sur notre Instagram. Suivez-nous.

Dernière question, auriez-vous une série, un film ou un livre à nous conseiller ?

Série : « Black mirror », série d’anticipations anglaise qui dépeint un futur négatif. Beaucoup moins innocent et poétique que les miroirs de narcisse au carré. Mais cette vision sordide de la société vaut le coup d’être vue pour réfléchir à notre avenir. 

Film : « Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain », parce qu’on a un peu l’impression de créer comme elle, des petites étincelles dans la vie de ceux qui nous trouvent.

Livre : « L’Homme à la découverte de son âme » de Carl Gustav Jung. Parce que l’image qu’on a chacun de soi en soi est beaucoup plus complexe qu’on veut bien le croire et que les miroirs questionnent avant tout nos reflets intérieurs. 

Vous pouvez découvrir ou redécouvrir mes autres interviews Street Art ici.


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