Bonjour Amster Graff, peux-tu te présenter ?
Salut, moi, c’est Amster, j’ai 37 ans, passionné de dessin depuis que je suis en âge de tenir un crayon.
Depuis quand fais-tu du graffiti et qu’est-ce qui t’a donné envie de te lancer là-dedans ?
J’ai commencé à graffer sur le terrain vers l’âge de 16 ans.
À l’époque, je me souviens, j’allais acheter mes sprays dans un centre auto à côté de chez moi pour peindre sur des murettes de mon lotissement.
Lors de mes années collège, j’ai été influencé par la période Hip-hop, Rap, R’n’B à l’ancienne des années 90. J’ai toujours aimé garder ce côté-là encore aujourd’hui, c’est rétro, je sais, mais c’était vraiment une belle époque. C’était le début de beaucoup de style, que ce soit vestimentaire, musical ou artistique…
Ensuite, j’ai passé quelques années sans toucher une spray, tout en gardant le style graffiti, mais plus sur papier à ce moment-là. Je m’y suis remis, il n’y a pas si longtemps et j’ai redécouvert le graff, avec toutes ces techniques plus élaborées qu’à mes débuts, les façons de peindre ont évolué tout comme les sprays et les caps.
Si tu devais définir ton style en quelques mots ?
J’ai toujours eu une préférence pour le lettrage, que cela soit du flop, du old scholl ou block letter…
Mais depuis peu de temps, j’ai associé à mon lettrage un personnage que j’aime bien intégrer dans mes peintures, il s’agit d’un hamster, rappel à mon blaze… Ce personnage est plutôt cool, un peu fou par moment. Il aime peindre et adore se déguiser aussi !
Comment as-tu choisi ton nom d’artiste Amster Graff ?
Mon blaze remonte au tout début de mon intérêt pour le graffiti, vers mes douze ans.
Je m’entraînais à travailler mes lettres sur feuille et j’avais choisi d’écrire « MASTER ». J’étais tellement concentré, que c’est à la fin de mon dessin que je me suis aperçu que j’avais inversé le M et la A ! Sur le coup, ça m’a fait rire. J’ai donc décidé de garder ce blaze, car finalement l’histoire de sa création est une bonne anecdote.
Quel est ton support préféré pour créer une œuvre ?
J’aime particulièrement les murs pour travailler à la spray, les grandes surfaces permettent de mettre des effets et des détails, plus difficiles à faire sur des petites productions. Je peins sur toile et tout autre objet que je peux customiser.
Peux-tu nous en dire plus sur ton processus de création, est-ce qu’il change en fonction du support utilisé ? D’où tires-tu ton inspiration ?
Bien sûr, j’adapte mon travail en fonction de la surface, des supports que l’on me demande ou bien que je choisis de peindre.
La plupart de mes créations sont des commandes, donc j’adapte en fonction. Mais quand j’ai carte blanche, je suis plus branché cartoon et bande dessinée.
Je bosse aussi le pochoir, une technique que j’ai apprise à travailler, plus ou moins complexe selon le visuel que je veux donner à ma création. Cette technique me permet de travailler la finesse sur des détails que je ne maîtrise pas assez sur des petites surfaces, quand je souhaite bosser qu’à la spray.
Sinon j’utilise des marqueurs, des feutres et des crayons, c’est beaucoup plus facile d’utilisation sur des petits supports.
Quel est pour toi le spot idéal pour pouvoir exposer ton travail ?
Je vais dire la rue, même si c’est compliqué, car s’exposer et peindre « illégalement » suivant la situation, c’est toujours un risque !
Je trouve ça tellement plus sympa, de se dire que l’on n’a pas besoin d’aller au musée pour voir des œuvres (attention, je ne dis pas de ne pas y aller, bien au contraire !). On peut les trouver n’importe où, à n’importe quel moment sur notre chemin et puis cela amène aussi à la curiosité pour les gens qui s’y intéressent.
Après, les lieux abandonnés sont le top pour peindre tranquillement sans être sur le qui vive. L’exposition est moins visible, mais j’adore quand une personne qui tombe sur une de mes peintures me l’envoie en photo sur mes réseaux…
Tu fais aussi des initiations graffiti auprès des jeunes, peux-tu nous en dire plus ? Est-ce toi qui vas à la rencontre des centres d’animations ou ce sont eux qui te contactent directement pour mettre en place ces ateliers ?
Il y a les deux cas.
Nous avons un membre de l’asso, directeur d’animation sur Mérignac, qui nous fait intervenir très souvent sur les écoles, collèges et centres.
Ensuite, nous avons des contacts qui par le bouche-à-oreille font appel à nous.
On s’adapte vraiment à toutes les demandes, suivant le nombre de jeunes, les supports et la durée des projets…
Je trouve ça tellement cool de pouvoir proposer des initiations à cette génération, leur montrer que le graffiti n’est pas forcément un art facile et que tout cela se travaille.
Je me dis qu’à leur âge, je n’avais pas d’activités comme celles-ci. Et quand on voit leur joie à la fin des prestations, c’est une satisfaction personnelle.
Quelle est ta définition du Street Art ?
Le Street Art est un bien grand mot.
Quand j’ai commencé, le graffiti était reconnu comme vandale et illégal, c’était ça le graffiti.
Mais de nos jours, les mentalités ont changé. Les graffs sont devenus des œuvres, les graffeurs des Street artistes…
J’ai du mal à me considérer comme un artiste. En effet, je suis juste un passionné de dessin qui aime s’exprimer en faisant de la peinture ou du dessin. Je n’ai pas fait d’école d’art ou autre, je suis autodidacte, j’observe le travail des autres artistes, je m’en inspire parfois et puis à force de travail, on finit par créer des peintures de plus en plus élaborées.
En tant qu’artiste, quels sont pour toi les avantages et les inconvénients des réseaux sociaux ?
Je pense que les réseaux sociaux peuvent être plus ou moins néfastes suivants comment l’artiste veut être vu.
Pour ma part, je cherche à être reconnu pour mes œuvres en gardant un maximum l’anonymat.
Car certains de mes graffs ont été faits illégalement et peuvent m’exposer à des sanctions.
Et puis j’ai un tempérament plutôt réservé. Certains graffeurs sont étonnés quand je leur balance mon blaze, parce qu’ils connaissent certains de mes graffs, mais ne savaient pas qu’ils étaient de moi.
Quels sont tes projets ?
Je suis un touche à tout. J’adore créer, apprendre, partager, découvrir.
Depuis la fin de l’année dernière, je me suis lancé un nouveau challenge : le tatouage. C’est un autre monde artistique, une autre façon de dessiner avec des nouveaux outils. Je travaille dur, car c’est comme ça que je compte réussir. Il n’y a pas de secret, si on travaille, un jour ou l’autre ça finit par payer. Et puis j’adore dessiner donc quand on peut allier passion et travail, c’est encore mieux.
Où pouvons-nous suivre ton actualité ?
Sur Instagram et aussi sur Facebook, les deux comptes sont liés, mais cela me permet de partager avec deux communautés différentes.
D’autres réseaux en lien avec mon projet sont en cours. Pour ceux qui veulent en savoir plus, ils peuvent me contacter en message privé.
Dernière question, as-tu une série, un film ou un livre à nous conseiller ?
Je n’ai pas forcément de conseil, mais disons que j’ai adoré la Casa de Papel, complètement folle cette série. J’ai aussi bien aimé Breaking Bad, Vikings, You. Je n’ai pas vraiment de style de série en particulier, du moment que j’accroche, c’est le principal.
Après en films, j’adore les Tarantino, Pulp Fiction, Kill Bill, Django, Inglorious Basterds.
Et pour ce qui est de la lecture, je n’ai pas forcément de livre en particulier. Je lis beaucoup de livres autobiographiques ou documentaires.
Mon livre de chevet actuel, c’est : « L’Inde sous la peau » de Stéphane Guillerme qui traite sur la culture du tatouage en Inde.
Merci d’avoir pris le temps de répondre à mes questions et merci pour le petit clin d’œil.
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