Bonjour Patrick Forchild, peux-tu nous en dire plus sur ton parcours artistique ?
Bonjour 🙂 je crois que j’ai toujours été attiré par le dessin depuis mon plus jeune âge.
J’ai rapidement été inspiré par la culture du skateboard et du snowboard ainsi que les artistes qui gravitent autour de ce milieu, mais la découverte du graffiti durant mes années de secondaire a été un « game changer » pour moi. Toute l’approche de la lettre et la création spontanée m’a ouvert les yeux sur un tout nouveau monde. Mon regard a changé par rapport à mon environnement, tel un skateboarder voit la ville comme un immense terrain de jeux.
À partir de là, j’ai toujours essayé de pousser ma création en prenant l’initiative ou en naviguant à travers les opportunités qui se sont présentées à moi.
Tu es issu du monde du graffiti, quel a été ton premier contact avec ce milieu ? Et qu’est-ce qui t’a donnée envie de te lancer dans le graffiti ?
J’avais déjà entrevu des graffitis, mais je crois que le déclic s’est fait lors d’un voyage scolaire à Boston. À l’entrée de la ville, je voyais tous ces rooftops peints et je ne comprenais pas ce que c’était, mais je trouvais ça magnifique. De retour à Québec, j’étais constamment à la recherche de traces de graffitis, de matériel ou de connaissances pour démystifier ce milieu.
C’était à l’époque du bouche-à-oreille bien avant internet 😉
Comment es-tu passé du monde du graffiti à celui du street art ?
Honnêtement pour moi, c’est plus ou moins la même chose… J’ai toujours été inspiré par toutes les facettes du graffiti, autant lettrages, que personnages, que background…
Ce qui est beau dans ce milieu, c’est qu’il n’y a aucune règle, chacun arrive avec son bagage personnel et crée de la façon qui lui convient.
Il y a autant de styles que d’individus qui peint. Je pense que le street art comprend des artistes d’un spectre encore plus large, mais à la base, je crois que c’est toute la même envie de créer.
D’où tires-tu ton inspiration ?
Je prends mon inspiration partout, autant dans les gens qui m’entourent ou que je croise dans la rue, la musique que j’écoute, les livres, les photographies, les films qui me touchent, c’est infini… Si tu es réceptif à ce qui t’entoure, tout est inspirant d’une manière ou d’une autre.
Quel est ton processus de création ? En moyenne combien de temps passes-tu sur une œuvre ?
Mon processus de création est assez varié… soit je crée de toute pièce ce que j’ai envie de dessiner ou de peindre, soit je pars de photographie ou d’image qui me touche d’une certaine façon, qui me donne envie de créer. Ou encore, je me laisse inspirer par l’environnement dans lequel je peins, ça dépend de plein de choses… j’essaie de m’adapter à mes envies et aux contraintes selon les projets.
J’aime autant faire des trucs qui me prennent quelques minutes ou quelques heures que d’autres sur lesquels je passe des semaines, l’idée, c’est juste de continuer à avancer.
Pour toi, quel est le spot idéal pour réaliser tes fresques murales ?
Ce qui me plaît le plus c’est de peindre à l’extérieur, les rencontres, les échanges et les histoires qui s’ensuivent, c’est ça qui reste dans ma tête et que je préfère. Je pense aussi que c’est primordial de rendre la création et l’art accessible à toutes et tous partout.
Quel est le(s) message(s) que tu veux faire passer à travers ton travail ?
Je n’ai pas vraiment de message à passer, j’y vais avec ce que je ressens.
Ce que j’aime par contre, c’est quand les autres me partagent leur interprétation de mes œuvres par rapport à leur propre vécu, c’est souvent beaucoup plus profond que ce que je peux en dire 😉
Est-il possible de vivre de son art en tant que street artiste au Québec ? Et comment définirais-tu la scène graffiti et street art du Québec ?
Je pense que la scène de Québec se porte bien.
C’est une petite scène, mais il n’y a jamais eu autant de gens qui s’intéressent à la murale que présentement. Il y a beaucoup de projets qui voient le jour depuis les dernières années et toute cette ouverture est encourageante.
J’ai la chance et le privilège de vivre de mon art depuis plusieurs années. Bien évidemment, j’ai dû faire de nombreux compromis et adapter ma pratique aux opportunités pour y arriver. Il ne faut pas arrêter. Avec du recul, je trouve que mon parcours pour arriver ici a été un peu long, mais c’est très encourageant de voir des artistes beaucoup plus jeunes que moi qui ont déjà une pratique professionnelle, heureusement les choses changent.
Tu travailles beaucoup en collaboration avec des centres culturels et des écoles, peux-tu nous en dire plus sur ces projets ?
Qui est-ce qui fait la démarche de contacter l’autre ?
Ces projets viennent des 2 côtés, soit il y a des appels d’offre où soumettre ma
candidature, soit ce sont les organismes et/ou les écoles qui m’approchent pour des projets qu’ils ont envie de réaliser. Initialement, ces projets représentaient davantage des compromis pour moi vu que les sources de financement pour des projets de murales sont souvent associées à un volet de médiation culturelle.
Mais en vieillissant, j’ai su mieux m’ouvrir au public et je crois que le partage de connaissances à tout son sens dans ma pratique. De pouvoir partager mon parcours et ma passion et d’échanger avec le public m’apporte des moments et des rencontres très inspirantes. Surtout avec les jeunes qui n’ont pas toujours la chance d’avoir accès à ce milieu ou à la création en général.
Le simple fait d’avoir l’impression de semer des petites graines dans leur parcours m’honore. L’avenir leur appartient.
En tant qu’artiste, quels sont pour toi les avantages et les inconvénients des réseaux sociaux ?
Je suis de la génération qui a grandi sans les médias sociaux, donc c’est toujours du love and hate. Comme dans tout, je crois qu’il y a du bon et du mauvais, mais l’accès à différents artistes et différentes approches de partout dans le monde est clairement un plus ! J’ai toujours un petit sourire quand on dit que si ce n’est pas en ligne, ça n’existe pas 😉 À partir de cela, je pense qu’il est important que chaque personne soit capable de mettre ses propres limites. Ce n’est jamais noir et blanc, il y a un monde de pensées entre ces deux couleurs, mais pour moi, j’aime bien dire que la création est à l’extérieur de nos écrans.
Quels sont tes projets ?
J’aimerais beaucoup avoir la chance d’aller peindre dans d’autres villes et pays, créer de nouveaux liens.
Où pouvons-nous suivre ton actualité ?
Sur mon site internet et sur Instagram.
Dernière question, as-tu une série, un film ou un livre à nous conseiller ?
Il y a tellement de choses intéressantes à découvrir, le documentaire « Beautiful Losers » d’Aaron Rose est toujours au top de ma liste… et j’ai acheté dernièrement le livre « Je prends feu trop souvent » de Charlotte Gosselin que j’ai beaucoup aimé.
Vous pouvez découvrir ou redécouvrir mes autres interviews Street Art ici.
0 commentaire